La difficulté de trouver sa place dans un parcours traditionnel
Tout d’abord, il est l’heure des présentations. Chloé fait partie des profils déterminés qui ont su utiliser leur vécu, leurs atouts et leurs opportunités pour changer les choses de l’intérieur et prendre part au monde de demain.
À seulement 26 ans, la cheffe d’entreprise, a eu un parcours de bonne élève. Après une classe préparatoire, elle intègre la prestigieuse école de commerce HEC.
Son curriculum vitae peut impressionner, toutefois, son parcours n’a pas été dénué d’obstacles. Chloé avoue avoir très mal vécu ses années de prépa.
« J’ai été dernière de ma promotion, alors que j’étais jusqu’alors une très bonne élève. C’était comme s’il y avait une erreur 404 dans mon cerveau. L’environnement dans lequel j’évoluais me mettait en situation d’échec. »
Elle prend alors conscience que l’impression de perdre pied peut se faire ressentir pour les mauvais, comme pour les bons élèves. Selon son expérience et après des recherches sur les modèles d’apprentissage alternatifs, elle constate que le système de l’école basé sur la notation et la mise en compétition peut multiplier le stress et faire baisser la confiance en soi.
L’entrepreneuriat, la découverte d’une véritable passion
Mais Ada Tech School n’est pas son premier projet entrepreneurial.
Durant sa dernière année d’HEC, Chloé a monté une entreprise pour aider les jeunes à trouver leur voie professionnelle. Cette idée est venu du constat que l’orientation est compliqué même pour les jeunes diplômé.e.s de grandes écoles : « Je voyais tous mes camarades de promo sortir diplômé sans être sûrs de l’orientation à prendre ».
En concrétisant ce projet nommé Talent.me – il n’y a pas de hasard – son objectif était donc d’apprendre aux élèves à s’orienter au 21e siècle de façon ludique et positive.
Avant même qu’ils et elles ne trouvent leur métier, il s’agissait d’aider les adolescents à trouver leurs valeurs et leurs talents. Durant cette première année entrepreneuriale Chloé a accompagné plus de 150 jeunes lors de ces formations périscolaires. Mais au cours des mois les demandes ont évolué. « J’ai été contactée par des personnes en reconversion » explique Chloé. Ces retours lui ont donné la perspective d’une évolution. C’était les prémices de Ada Tech School.
Ça problématique reste de savoir si l’école remplit vraiment son rôle. De par son expérience et celle de ses anciens élèves la réponse semble négative.
L’orientation étant au cœur de ses préoccupations Chloé imagine rapidement une école où l’on tire réellement profit de l’apprentissage et où l’on sort plus acti.f.ve. et confiant.e.
La création d'une école en accord avec ses valeurs
Une fois diplômée, Chloé crée Ada Tech School, elle sait que cette nouvelle aventure aura alors une toute autre envergure.
L’ambition est grande car c’est au système éducatif que Chloé s’attaque. « Le système pédagogique français dramatise l’échec, ce qui augmente la peur de l’élève de se tromper. ». Pour l’entrepreneure, l’état d’esprit et le système de valorisation de compétences étaient donc à revoir. « Je trouve qu’à l’école l’écoute de soi est totalement secondaire » souligne-t-elle. D’ailleurs, elle nous confie n’avoir eu des conférences sur le développement personnel qu’en dernière année d’HEC. En effet, commencer à prendre en compte et interroger son bien-être à 25 ans est assez tardif.
Alors que Chloé avait jusqu’à là accompagné des adolescents, elle comprit que pour redéfinir les règles il fallait recréer l’école dans le supérieur.
Pour se faire Chloé est méthodique. Elle se renseigne tout d’abord sur les métiers qui recrutent le plus. L’informatique et particulièrement tout ce qui touche au code, est sans appel le domaine le plus concerné. Il se trouve en plus que les entreprises lui confient avoir du mal à recruter des femmes.
Créer son propre modèle entrepreneurial
Dans un premier temps, la jeune entrepreneure qui est très éloignée des stéréotypes « des codeurs » ne se sent pas légitime. Cette réflexion la pousse à se questionner.
« Les préjugés que j’ai pu avoir sur moi-même me renvoyaient à un stage en finance dans un environnement très masculin dans lequel j’avais totalement perdu confiance en moi à force de remarques sur ma condition de femme. Cela faisait aussi écho à la culture assez machiste des grandes écoles… ».
Le résonnement de Chloé passe alors de l’envie de créer une école alternative, à une école alternative féministe, puis une école alternative féministe informatique.
Ada Tech School propose aussi une nouvelle méthode d’apprentissage. Pour cela, l’entrepreneure s’appuie sur ces compétences et ses premières expériences professionnelles. Par intérêt, en pratiquant et en lisant, Chloé a appris comment enseigner autrement en valorisant les talents pour monter en compétences et s’adapter au monde du travail.
Toutefois, nous savons qu’une entreprise ne se crée pas que par volonté et l’engagement. Entreprendre n’est pas facile et nous sommes souvent inspirés par des modèles médiatisés. L’un des critères qui est souvent valorisé est de trouver son associé.
Chloé a débuté l’aventure au côté d’une professeure, mais l’association n’a pas durée. Ça a été un moment très compliqué pour la jeune entrepreneure de passer d’un duo à une vie entrepreneuriale en solo. Elle s’est donc mise à chercher son nouveau binôme. Mais cela n’est pas si facile.
Chloé comprend alors que ce n’est pas nécessaire de chercher à tout prix un binôme – tout le monde n’a pas la chance d’avoir une sœur. « J’ai décidé de continuer le projet seule en essayant de rencontrer un maximum de personnes » nous explique-t-elle.
C’est d’ailleurs en rencontrant continuellement de nouvelles personnes qu’elle fait la connaissance de son responsable pédagogique Yannick François, développeur affichant 20 ans d’expérience et pédagogue du code passé par Simplon. « Il partageait beaucoup de mes valeurs et avait une vingtaine d’années d’expériences. C’est un chercheur et non un entrepreneur, mais nous nous sommes associés au capital. » révèle Chloé.
Ainsi la fondatrice reste en charge du fonctionnement de l’école malgré cette collaboration. Un schéma différent de ce que l’on nous raconte régulièrement, mais qui correspond aux besoins et à l’équilibre de chacun bien que la charge mentale soit toujours difficile à porter seul pour un entrepreneur.
Aujourd’hui, l’équipe s’est agrandie à la hauteur de l’ambitieux projet concrétisé. Six personnes travaillent chez Ada Tech School.
Un safe space de l’école à l’emploi
Lorsque l’on parle à Chloé de “l’après Ada Tech School” pour les étudiants, elle nous explique une démarche pensée de bout en bout.
Ces entreprises font partie des plus grandes sur le marché, comme blablacar ou leboncoin par exemple. Mais l’équipe de l’école ne s’attache pas qu’à leur bonne volonté. Une charte de la définition de l’entreprise inclusive est signée par les entreprises avec lesquelles ils collaborent.
Enfin, le caractère assumé d’école « féministe » s’inscrit dans une évolution souhaitée des mentalités et une égalité des chances bien au-delà d’une approche qui pourrait paraître marketing. Ce n’est pas l’école « des filles » mais une école dans laquelle la majorité des élèves sont des femmes et qui propose une véritable « safe place » – lieu où l’on se sent réellement en sécurité.
« Avoir une majorité de femmes est important pour faire basculer les choses et ne pas retomber sur les mécanismes systémiques de la société. Nous avons aussi des étudiants hommes, en adhérent à cette école féministe ils indiquent aussi souffrir des comportements machistes. » confie Chloé.
Grâce à un féminisme inclusif en matière de genre, d’orientation sexuelles-amoureuses et d’origines sociales, cette nouvelle école informatique alternative permet de se questionner, au quotidien, sur la norme établie.
La formation dure deux ans, avec une première année à l’école et la seconde en alternance. La première promotion a été lancée en octobre 2019 et les prochaines rentrées auront lieux en janvier et en mai 2021.
Nous ne manquerons pas de vous tenir informer si vous souhaitez tenter votre chance !
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Wow! C’est super inspirant de lire le parcours de Chloé! Quelle motivation et persévérance!
Hello Héloïse, heureuse que cet article t’ai inspiré 🙂
Merci pour cet article ! Je ne savais pas qu’il existait ce genre d’école… C’est super intéressant comme système, quand on sait qu’une grande partie des gens ne sont pas fait pour les systèmes classiques…
Bonjour Erika, oui cela fait vraiment du bien que ce genre d’initiatives se multiplient 🙂