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Published on: DÉVELOPPEMENT PERSONNEL

La sologamie, un célibat politique ?

Après la polygamie et la monogamie, voici la sologamie ! Rien à voir avec le fait d’être fan de Han Solo, mais avec le fait de se marier…avec soi-même !
Acte d’émancipation pour les uns, manifestation de narcissisme extrême pour les autres, la sologamie divise autant qu’elle interroge.

la sologamie
Il est difficile de dire à quand remonte la sologamie. Nous pouvons néanmoins situer sa mise en lumière en 1993 avec le mariage de l’américaine Linda Baker. Pour ses 40 ans, elle décida de se marier à elle-même devant 75 personnes, familles et amis, et pas moins de 7 demoiselles d’honneur. Pour cette cérémonie hors normes, l’acteur Ron Cummins fit office de prêtre. La mariée avoua que l’événement n’était pas porteur d’autre sens que de fêter son 40e anniversaire de façon spectaculaire avec beaucoup d’humour et d’autodérision.
Les férus de la série Sex in The City ne sont d’ailleurs pas étrangers au concept. Ils se souviennent certainement de l’épisode où Carrie, lasse d’attendre le prince charmant, décide de se passer la bague au doigt.

L’injonction à être en couple

Dans notre société, être en couple est considéré comme une norme ou un but. Les célibataires sont souvent vus comme des individus à aider, voir, à sauver. Pourtant, pour une femme hétérosexuelle, être en couple n’est pas forcément gage d’épanouissement personnel. En 2018, la notion sociologique de « charge mentale et émotionnelle » a été démocratisée par l’illustratrice féministe Emma. Cette expression désigne la pression qu’on souvent les femmes (plus que les hommes), à s’occuper du foyer et à maintenir leur relation amoureuse. Sur instagram, l’injonction au couple (entre autres) est aussi dénoncée sur le compte « dites-trentetrois ». Ce profil rassemble des témoignages de trentenaires qui se sentent oppressés par l’idée que leur entourage se fait d’une vie normale.
dites-trentrois

Aime-toi toi-même

Nous ne vous l’apprenons pas, même si cela vaut le coup d’être répété, il y a différents moyens de s’épanouir. Le couple n’est pas forcément la clé, le principal reste de s’aimer.
Dernièrement, Emma Watson a déclaré être en couple avec elle-même. Peut-être las de répondre à cette question, l’actrice a expliqué à la journaliste du Vogue anglais : « Je n’ai jamais cru au baratin “je suis célibataire et heureuse”, je me disais : “C’est vraiment que du baratin”. Cela m’a pris du temps, mais maintenant je suis heureuse [d’être célibataire]. J’appelle ça être son propre partenaire. ».
Ce phénomène prend de l’ampleur, plus particulièrement auprès des femmes qui sont traditionnellement bercées par l’archétype romantique du prince charmant. Pour les sologames, se marier avec soi-même permettrait de briser ce carcan conventionnel. Grâce à cela, elles accèdent à une légitimité et une fierté qui n’existe pas dans le simple statut de célibataire.
La plupart des femmes qui ont franchi le pas affirment être plus sûres d’elles-mêmes et sont heureuses d’avoir pu célébrer le mariage de leur rêve sans risque de voir un jour leur cœur être brisé.

Une époque d’hédonisme exacerbé ?

Les détracteurs de cette pratique considèrent qu’elle est un témoignage d’une époque de repli sur soi. Selon eux, le plaisir solitaire où la quête « du bonheur avant tout » mène à une société en délitement. Nous pouvons comprendre si nous analysons cette cérémonie au premier degré.

Cette critique rappelle les procès faits à l’encontre du « selfie » ou de « l’égo portrait » comme disent les québécois. Pourtant, selon nous, le selfie peut être considéré comme la version moderne de l’autoportrait, qu’il soit peint ou photographié. Si ces pratiques peuvent améliorer notre vision de nous-même sans blesser les autres, alors pourquoi s’en priver.

Devenir une personne à part entier

Finalement, la sologamie, n’est-ce pas la formalisation (poussée à son paroxysme) d’une promesse solennelle à soi-même. N’est-ce pas un choix d’exprimer publiquement que l’on se respecte, que l’on croit en soit et qu’on s’estime.

Lorsque le regard et le jugement des autres prend trop de place, le risque est de souffrir de dépendance affective. Si le remède pour en venir à bout est l’amour de soi, la sologamie est donc l’accomplissement ultime. Finalement, organiser une sorte de cérémonie pour se célébrer, nous sommes déjà beaucoup à le faire chaque année lors des anniversaires. Cette « tendance » qui peut paraître risible, ne serait-elle pas l’une des plus grandes preuves de confiance en soi.

Rappelons que la sologamie n’est pas reconnue au niveau légal, il s’agit donc bien d’un événement à caractère hautement symbolique (ne comptez sur aucun avantage fiscal dont bénéficient les mariages traditionnels).
Dans notre société occidentale qui prône depuis quelques années,le développement personnel, l’amour de soi, ce n’est pas encore très accepter de déclarer l’affection que l’on se porte, publiquement. Nous pouvons même nous demander s’il n’y a pas un nouveau type d’injonction au « self love ». S’aimer oui, mais discrètement. Au milieu de tous ces conseils pour avoir la meilleure vie possible, les sologames ont le mérite de nous faire sourire et réfléchir.

Bibliographie

“A dress, A Ring, Promises to Self” par Sara Sharp

“ Happy singlehood :The rising acceptance and celebration of solo living” par Elyakim Kislev

“Living Alone and Loving It” par Barbara Feldon

sologamie

Et vous, comment faites vous pour vous célébrer ?

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  1. Hello je suis en couple, mariée même et pourtant je pense qu’on peut totalement être heureux en solo.
    L’autre n’est pas là pour assurer le bonheur mais pour partager le mien selon moi, je n’ai pas attendu d’être mariée pour me sentir bien ou mieux. Je pense qu’on investit sur les autres avant d’investir sur soi pour son propre bonheur.

    1. Bonjour Elise, nous pensons en effet que c’est le meilleur état d’esprit à avoir pour construire une relation saine avec soi et avec les autres. L’idéal est d’être en couple par ce qu’on a envie de partager sa vie avec l’autre et pas parce qu’on en a besoin. Passe une bonne journée 🙂

  2. Nous sommes notre premier partenaire!! Et je suis aussi la seule responsable de mon bonheur (ou de mon malheur, en laissant les autres m’atteindre par exemple!) et bien que je sois mariée, je comprends tout à fait cette tendance de sologamie!

  3. Post comment

    La Boîte à Malice says:

    Salut salut ! Tout d’abord merci pour la découverte, je ne connaissais absolument pas le concept 🙂
    En tant que célibataire, épanouie et heureuse, j’ai eu un peu de mal à faire comprendre à mon entourage mon point de vue… Etre seule, s’aimer et savoir vivre seule et mega important ! Ne pas prendre son/sa compagne(on) comme un substitue ou une boué au bonheur. Car le jour où il part c’ est la noyade… 🙂

    1. Merci pour ton retour 🙂 C’est tellement précieux d’être à l’aise avec soi même. Ce n’est pas toujours un chemin facile pour y parvenir alors félicitations !

  4. Encore un super sujet, merci pour cet article passionnant ! Je comprends que le sujet puisse faire débat, moi-même j’avoue mener un vif dialogue intérieur entre les « pour » et les « contres (j’insiste sur les guillemets hein). Mais comme tu le dis, finalement mon avis importe peu, c’est surtout celui de ceux ou celles qui le font qui compte. Mais c’est vrai que ça pose le débat du « renouvellement de notre espèce » entre cette tendance et le no-kid écologique… car bien que nous soyons très nombreux sur terre, il faut aussi avoir conscience que sans personne pour nous remplacer dans l’économie on précipite la fin… D’un point de vue plus « bien-être » je rejoins ta conclusion; il faut être ni trop positif, ni trop pessimiste, s’aimer, mais pas trop, etc… donc c’est vrai qu’il y a cette tendance à vouloir normer le développement de soi, et ça clairement je suis contre ! voilà pour mon pavé haha. A bientôt !

    1. Merci beaucoup Farah pour tes commentaires réguliers ! 🙂 Toute la question est de savoir s’il est plus important de nous adapter aux dysfonctionnements de notre société en encourageant à faire des enfants pour payer les retraites par exemple, ou est ce qu’il faut prendre le temps de remettre en question cette norme, qui est presque une injonction pour les femmes, au risque que effectivement,l’économie en pâtisse.
      Oui le principal reste de faire de son mieux. Tout va bien bien si on n’est pas une pro du yoga, maman, épouse, femme d’affaire etc… Merci pour « ton pavé », à bientôt !

  5. Article très intéressant, personnelement lors de ma rupture j’étais dans le doute façe à moi-même et à ce que j’étais capable de faire seule. Finalement j’ai appris à mieux me comprendre, à m’affirmer plus et je me sens mieux qu’avant et prête à assumer je sais vivre seule et que je m’apprécie sans pour autant virer à l’égocentrisme. Bref, je m’aime comme je suis et je sais ce que je veux 🙂

    1. Bonjour Florence ! En effet, les ruptures nous apprennent souvent beaucoup sur nous-même. C’est avec soi que l’on passe tout notre temps, tu as raison, autant s’apprécier 🙂 Félicitations pour ton parcours.