Ces derniers mois nous n’avons jamais passé autant de temps sur nos smartphones et notamment sur Instagram. Particulièrement connu pour glamouriser le quotidien, ce réseau social peut aussi être une grande source d’inspiration et d’émancipation.
Au début de l’année, nous avons accueilli certain.e.s d’entre vous pour un événement “en coulisses” avec Sarah François, créatrice de La vraie Dose. Le thème était “Comment créer une communauté ?”. Durant nos échanges nous avons pu constater que le community management pouvait être une source d’angoisse pour certaines personnes qui se lancent dans l’entrepreneuriat. En première ligne des réseaux sociaux qui peuvent le plus nous pousser à nous comparer aux autres, il y a Instagram.
En effet, cette plateforme est le temple du personal branding, soit, mettre sa vie en scène et donc utiliser son image comme pourrait le faire une marque.
Bien qu’avec les années et la pratique, nous sommes de moins en moins naï.f.ves il est facile de se laisser prendre au jeu du réseau social. Théoriquement, nous savons que ce que l’on voit sur Instagram est différent de “la vraie vie”. Cependant, cela n’empêche pas de se comparer jusqu’à en venir, parfois, à se dénigrer.
Avec 1 milliard d’utilisateurs actifs, Instagram fait pour beaucoup d’entre nous, partie de notre quotidien. Malheureusement, d’après un sondage de la Royal Society for Public Health et du Young Health Movement publié en 2017, il serait le réseau social qui nuit le plus gravement à la santé mentale des jeunes de 14 à 24 ans. Cette réalité est importante à prendre en compte.
Néanmoins, je ne suis pas pour diaboliser Instagram car ce réseau peut être également une source d’inspiration et un outil d’émancipation.
Le pouvoir de la représentation
Pour que son flux Instagram devienne une source d’inspiration et de motivation, il n’y a pas de secret, il faut trier. Ne gardez que les comptes qui vous font du bien et arrêtez de suivre tous ceux qui vous font culpabiliser et/ou complexer.
En France, les normes de beautés sont assez rigides et sont sur-représentées dans les médias traditionnels. Si vous divergez de ces cadres bien établis, il y a de fortes chances que vous ayez grandi avec un manque de représentations (positive) et cela peut avoir un impact dans vos vies d’adultes.
La représentation, les modèles que l’on nous propose, est ce qui facilite la projection, l’ambition et plus tard la capacité de se sentir légitime. Ce n’est donc pas accessoire.
Au sein des médias traditionnels la diversité des représentations avance très lentement. Grâce à Instagram il est possible de se créer un espace plus diversifier et de s’inspirer de personnes qui nous ressemblent.
Pour ma part, j’ai par exemple arrêté de suivre les mannequins qui sont déjà très présentes dans les magazines, sur les affiches, à la télévision donc dans mon quotidien, malgré moi. A contrario, chaque jour je découvre de nouvelles représentations de notre société. Depuis l’arrivée des réseaux sociaux, une grande partie de la population peut créer du contenu sans passer par des instances de validation traditionnelles.
Honnêtement, cela a changé ma vie. J’ai pu voir, lire et entendre des personnes qui me ressemblent et plus globalement des minorités jusque-là silencées. Je ne parle même pas de contenu revendiqué comme politique ou militant. Simplement, de voir tout type de personnes se mettre en valeur et s’exprimer a été une petite révolution.
Extimité et récits multiples
Tous les comptes ne cherchent pas à montrer une vie lisse et rêvée. Une partie des utilisateurs choisissent de parler de leurs difficultés, de leur santé mentale et de leurs doutes. Cela peut être vu comme un manque de pudeur. Pourtant l’extimité a quelque chose de magnifique qui peut aider la personne qui s’expose et son public.
Dans leur podcast du même nom, le terme “extimité” est défini par les journalistes Douce Dibondo et Anthony Vincent comme “Le désir de rendre visible une partie de sa vie intime afin de mieux se l’approprier”. Cette notion a été définit par Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste français en 2001. Dans un article intitulé Intimité et extimité il explique : “Internet, souvent dénoncé comme un espace de dissimulation et de mensonge, pourrait bien constituer le lieu privilégié de cette authenticité. […] le désir d’extimité ne se confond pas non plus avec le conformisme, qui comporte un renoncement à se trouver soi-même.”
Dans cette idée de renouvellement des images et donc des pensées, je vous recommande quelques comptes Instagram qui pourraient rafraichir votre feed :
Levsky
Gaelle Prudencio
T'as pas l'air autiste
Matt Bernstein
Good Girls Gone Bald
Instagram et la censure
Malheureusement, même sur internet le système se répète. Il est plus difficile pour les personnes minorisées de s’exposer. Elles sont également moins rémunérées que celles qui ne subissent pas de discriminations.
La censure de l’algorithme est également à remettre en question, puisque ce sont les corps les moins normés qui en payent le prix. En effet, en février 2020 par exemple, la une du magazine Télérama a été censuré par Instagram pour nudité. Pourtant, la modèle Barbara Butch ne montrait rien qui ne soit interdit par le réseau social.
Un autre type de censure est en train d’être mis en place avec l’ambition de protéger les internautes des contenus haineux. Il s’agit des résultantes de la loi Avia, voté le 13 mai dernier. En effet, en bannissant l’utilisation de certaines insultes, de nombreux comptes d’activistes LGBTQIA (lesbienne, gay, bi.e, trans, queer, intersexe, assexuel.le) ou anti-racistes ont été fermés, ou risquent de l’être. Cela s’explique car certaines de ces insultes sont en fait des termes utilisés par les minorités concernées, afin de se les réapproprier et en tirer de la force. La censure apparaît également lorsque les comptes veulent dénoncer des propos discriminants et que ces insultes apparaissent.
De plus, en interdisant tout post à caractère sexuel cette loi rend impossible la diffusion de contenu pédagogique, de prévention, ou militant sur cette question.
Malgré le fait que cette plateforme soit souvent considérée comme superficielle, elle peut selon moi, aider au développement de certaines personnes. Instagram est devenu un lieu de création à part entière, où certain.e.s peuvent pour la première fois diffuser leur travail à un large public. Il est donc possible d’en faire un réseau social avec des images et des messages qui diffèrent des médias traditionnels. Pour cela, n’hésitez pas à trier sur le volet les comptes que vous suivez et à vous mobiliser, si vous le pouvez, contre la censure.
Si vous le souhaitez, prenez donc quelques minutes pour suivre les personnes qui partagent une part de leur authenticité et vous aideront à avancer.
Notre astuce bonus :
Enregistrez chaque image qui vous fait du bien en laissant appuyé votre doigt sur le petit fanion (en bas à droite de l’image). Cliquez sur le + pour créer une nouvelle collection que vous pouvez nommer « self love » par exemple.
Puis, une fois par semaine, retournez faire un tour dans votre sélection et cliquez sur les comptes que vous avez enregistrés. Cliquez alors sur la petite flèche vers le bas pour découvrir des profils similaires auxquels vous pourrez vous abonner.
Le tour est joué vous venez de faire d’Instagram votre coach favori !
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Coucou, merci pour cet article ! Je préfère voir Instagram sous l’angle que tu décris effectivement, parce que de l’autre côté, entre les placements de produits en veux-tu en voilà, les codes promos, les photos retravaillées excessivement, ceux qui se créent une vie qui n’est pas vraie une fois l’écran du téléphone éteint … ça peu vraiment être le réseau social le plus faux qui soit !
Hello Erika, oui complètement. C’est pour cela qui est plus qu’utile de faire un joli ménage de printemps pour ne garder que les comptes qui nous font du bien ou nous instruisent 🙂
Merci pour ton article Lauriane! Pour ma part, je limite grandement les comptes auxquels je suis abonnée et quand je vois des publications récurrentes avec lesquels je ne suis pas à l’aise dans l’outil de recherche, je les cache, pour éviter de me saper le moral… J’essaie de me focaliser sur ce qui me fait du bien!
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Coucou, merci pour cet article ! Je préfère voir Instagram sous l’angle que tu décris effectivement, parce que de l’autre côté, entre les placements de produits en veux-tu en voilà, les codes promos, les photos retravaillées excessivement, ceux qui se créent une vie qui n’est pas vraie une fois l’écran du téléphone éteint … ça peu vraiment être le réseau social le plus faux qui soit !
Hello Erika, oui complètement. C’est pour cela qui est plus qu’utile de faire un joli ménage de printemps pour ne garder que les comptes qui nous font du bien ou nous instruisent 🙂
Merci pour ton article Lauriane! Pour ma part, je limite grandement les comptes auxquels je suis abonnée et quand je vois des publications récurrentes avec lesquels je ne suis pas à l’aise dans l’outil de recherche, je les cache, pour éviter de me saper le moral… J’essaie de me focaliser sur ce qui me fait du bien!
Super réflexe ! Nous notons l’astuce de cacher les publications dans l’outil de recherche.