A l’occasion de l’ouverture du 47ème festival international de la bande dessinée d’Angoulême, revenons sur un autre événement marquant de la bande dessinée hexagonale en 2020 : Le Prix BD FNAC France INTER.
Depuis 2013, La FNAC récompense les nouveaux talents de la bande dessinée. Depuis 2 ans, la FNAC s’est associée à France Inter pour décerner ce prix. Antoine De Caunes, en grand amateur du 9ème art, a été le parrain de cette édition.
Illustratrice de Talenty, je suis aussi une grande passionnée de bande dessiné. Après la lecture des 20 bandes dessinées en lice, je vais vous présenter mes trois coups de cœur graphiques et littéraires ainsi que le grand gagnant du concours. Notez ces noms qui vont continuer à faire parler d’eux ces prochaines années !
Mes coups de cœurs
« Le Loup » de Jean-Marc Rochette
Ce deuxième album de Jean-Marc Rochette mis en couleur par Isabelle Merlet, se déroule dans les Alpes. C’était aussi le cas de « Transperceneige », sa première œuvre en collaboration. Loin du glamour et des paillettes, le récit monte en puissance. Le pic de l’action arrive lors du duel entre un vieux berger aussi usé que désenchanté et un jeune loup déterminé à constituer une nouvelle meute et à reconquérir son territoire.
Un postulat très désuet à première vue, mais tellement bien mené, avec une telle justesse et un soupçon de poésie qu’il est impossible de s’en détacher. Cet album se lit d’une traite, il est véritablement magnétique.
Qui de l’homme ou de la bête gagnera ? L’album a été récompensé par le prix Wolinski/ Le Point, une juste reconnaissance pour cette œuvre magistrale.
« Le Patient » de Timothé Le Boucher
Timothé Le Boucher est un jeune prodige qui s’est déjà fait remarquer pour ses œuvres « Skins Party », « Les Vestiaires » et « Ces jours qui disparaissent ». Cette dernière œuvre lui a d’ailleurs valu de nombreux prix.
Avec « Le Patient », Le Boucher nous offre encore un petit bijou à la croisée de plusieurs genres : thriller, fantastique, horreur…Impossible de deviner le dénouement de cet ouvrage.
La bande dessinée s’ouvre sur une scène cauchemardesque : Une jeune femme à l’air hagard est interpellée dans la rue armée d’un couteau ensanglanté. Sa famille est retrouvée massacrée. Pierre Grimaud, unique survivant, se réveille d’un coma de 6 ans dont il émerge amnésique. Avec l’aide de la psychologue Anna Kieffer qui semble nourrir un intérêt tout particulier pour cette affaire, le jeune Pierre parviendra-t-il à se rappeler de cette terrible nuit ?
Une bande dessinée à ne pas rater et à savourer de bout en bout.
« Les Indes Fourbes » de Alain Ayroles et Juanjo Guarnido
Une odyssée picaresque avec un antihéros hors normes imaginée par Alain Ayroles (scénariste des œuvres « De Cape et de Crocs). Les Indes Fourbes est mis en images avec panache et maitrise par Juanjo Guarnido. Ce dessinateur est connu par les amateurs de bd pour son œuvre «Blacksad » qu’il avait réalisé avec le scénariste Diaz Canales.
Le palmarès officiel
Très diverses, autant stylistiquement que narrativement, il a été extrêmement difficile pour le jury de trancher entre tous ces talentueux artistes pour ne retenir que 6 finalistes.
« Dans la tête de Sherlock Holmes » de Benoît Dahan et Cyril Lieron
« In Waves » de AJ Dungo
« Jusqu’au Dernier » de Jérôme Félix et Paul Gastine
« Le Château des Animaux » de Casterman
« Le patient » de Timothé Le Boucher
« Les Indes Fourbes » de Alain Ayroles et Juanjo Guarnido
La déferlante In Waves
Le 8 janvier, Antoine De Caunes annonçait lors de son émission « Popopop » sur France Inter le nom du gagnant et mettait ainsi fin au suspense :
C’est donc le jeune AJ Dungo, artiste et surfeur californien, qui remporte le Prix de la Bande Dessinée FNAC France Inter 2020. Il se positionne d’ailleurs en bonne place pour rafler très prochainement son lot de prix à Angoulême.
Ses inspirations artistiques sont Raymond Pettibon, Hokusai, Daniel Clowes, Charles Burns.
La bande dessinée « In Waves », qui était à l’origine son projet de fin d’étude, est aussi un hommage et une histoire d’amour autobiographique entre l’auteur et Kristen. En effet, la jeune femme a été son amie, sa muse et amante avant de s’éteindre à cause d’un cancer.
AJ Dungo voit le corps de Kristen être peu à peu atteint par la maladie (perte d’une jambe et d’un poumon). Toutefois, l’esprit de la jeune femme reste fort et passionné grâce au surf qu’elle pratique envers et contre tout mais aussi de l’amour de ses proches qui l’accompagnent jusqu’au bout.
L’auteur apporte un peu de légèreté en dressant les portraits de légendes du surf, contrepoint merveilleusement en harmonie avec le reste du récit. La palette chromatique se veut volontairement sobre avec l’utilisation d’un bleu tranquille comme l’esprit de Kirsten pour les parties où il évoque son histoire et l’utilisation de sepia pour les passages sur le surf. Cette utilisation élégante permet au lecteur de se situer temporellement dans le récit.
Pour AJ Dungo ; le surf, en dehors de sa dimension sportive, est également un processus spirituel qui lui a permis de faire son deuil.
Le mot de la fin
Faire partie du jury du public fut un honneur et un véritable plaisir car cela permet de (re)découvrir de talentueux auteurs/bédéistes. Le retour de Régis Loisel avec « Un Putain de Salopard », Guarnido toujours aussi doué, le très prometteur Le Boucher par exemple.
J’ai aussi constaté combien la bande dessinée est un art riche. Pour cette année encore, il a été bien difficile de choisir le vainqueur tant le panel de titres proposés était somptueux.
Awesome post! Keep up the great work! 🙂