Modames c’est l’histoire de deux belles-sœurs qui ont créé un projet qui leur ressemble et les rassemble. Le concept ? Une malle de vêtements reçue à domicile qui nous propose une expérience shopping privilégiée.
Pour en savoir plus sur cette expérience mode pas comme les autres, j’ai donné rendez-vous aux deux fondatrices, Maud et Amélie, dans l’un de mes endroits favoris à Paris : Le pavillon des canaux. Malgré une journée marathon, que l’on imagine éreintante, passée dans un salon destiné aux professionnels de la mode, le duo me rejoint le sourire aux lèvres.
Elles me préviennent : « nous sommes très pipelettes ». Cela tombe bien, j’adore écouter de belles histoires.
Voici celle de Modames, un concept qui se veut aussi utile et qu’éthique.
Tout commence toujours par une pause-café
L’histoire de l’entreprise a débuté en 2015.
Amelie et Maud étaient alors dans des situations personnelles et professionnelles assez communes pour des trentenaires parisiennes. « J’habitais en banlieue, je venais d’avoir un deuxième enfant. » me confie Maud « Amélie, elle, travaillait sur Paris avec une vie a cent à l’heure. ».
Tout semblait donc suivre son cours de chemin. Mais un jour, alors que les deux belles-sœurs prennent un café ensemble, Maud reçoit une commande. Dans le colis un manteau qu’elle attendait avec impatience. Mais en voulant l’essayer, elle se rend compte qu’elle ne peut pas y passer le bras.
Le couperet tombe, voilà le problème du e-commerce classique. Passer du temps à choisir, trouver son bonheur, le payer, attendre sa commande et se rendre compte que l’article ne nous convient pas.
Très vite Amélie et Maud identifient que cette problématique va bien au-delà des achats en ligne. Maud se souvient avoir évoqué lors de cette discussion le fait de n’avoir plus vraiment la possibilité de dénicher des pièces coup de cœur. « En banlieue j’avais le centre commercial, mais c’était vite réducteur et je n’avais pas le temps avec les enfants, notamment, de prendre une journée pour aller faire les boutiques à Paris » me raconte-t-elle. Du côté d’Amélie, le véritable souci est la surpopulation des boutiques le samedi. « Je pouvais faire du shopping à Paris, mais je déteste attendre pour essayer des vêtements. » confie-t-elle.
L’échange aurait pu s’arrêter ici. Amélie et Maud ayant conclu que la seule solution serait… « de n’avoir plus rien à faire ! ».
Mais leurs besoins respectifs, et leurs difficultés évoquées, leur ont donné l’envie d’atteindre cet idéal.
C’est ainsi que l’idée de recevoir une tenue à domicile que l’on essaie avec ses propres pièces et accessoires de ton dressing est née.
Le faire maintenant !
Dernièrement, lors d’une interview pour Welcome to The Jungle, Xavier Niel a rappelé « Avoir la meilleure idée du monde c’est super simple, la mettre en œuvre ça change tout. ». C’est exactement le mantra qui guide la suite de l’histoire.
A l’époque où Maud et Amélie évoquent cette solution autour d’un café, Amélie était responsable e-marchandising à Paris et Maud, jusqu’alors responsable de projet dans l’organisation de visites mystère, avait rejoint l’entreprise de son conjoint avant de prendre un congé maternité.
Malgré que le cours de leur vie professionnelle continuait sans embûche, l’idée d’un envoi d’une sélection mode à domicile, ne les quittait plus.
Maud se met alors à faire des recherches et découvre un concept similaire aux Etats-Unis. Aucunement découragé, le duo identifie surtout qu’il existe de la demande pour ce service.
Il leur suffira de se poser la question : « Pourquoi nous ne le faisons pas ? » pour décider de sauter le pas.
Il faut dire que les futures entrepreneures ne manquaient pas de bagages. Amélie avait acquis une solide expérience dans l’e-commerce et savait qu’elle serait une vraie plus-value pour cette nouvelle aventure.
Pour Maud, spécialiste de l’analyse des données et de la satisfaction client, c’est son expérience entrepreneuriale au côté de son conjoint qui est rapidement identifié comme un atout. « J’ai vécu la transition d’une TPE à une PME en ayant différentes casquettes au long des années » souligne Maud.
Le duo semble donc avoir la clé du succès : être particulièrement complémentaire. Amélie connait très bien l’univers et les exigences du web, tandis que Maud à une réelle expertise en gestion.
Seul frein possible, sur le papier, le fait de travailler en famille. Créer son entreprise dans la cellule familiale pourrait faire peur au premier abord. Mais Maud a pu constater, en voyant travailler son mari et son beau-père ensemble, que cela pouvait être aussi une véritable force.
« C’est toujours un risque » confesse toutefois Amélie, « mais lorsqu’on le fait en famille on identifie aussi ce que l’on privilégie et pour nous ça sera toujours le lien familial avant le projet ».
D’autant que le duo a bien plus qu’un lien familial en commun. Véritables amies, elles avaient même déjà mis à l’épreuve leur complicité et leur complémentarité sur le terrain de rugby il y a quelques années. De quoi se conforter sur la fiabilité de leur collaboration professionnelle.
Cap au Sud
Comme un défi n’arrive jamais seule. Le duo décide de gouter aux principaux atouts de l’entreprenariat : la liberté et la mobilité.
« Ça faisait très longtemps que nous avions envie de nous installer dans le sud-ouest avec mon conjoint. » me raconte Maud. « Nous avons attendu que son entreprise se développe pour déplacer le siège social. Au printemps 2015 nous avons sauté le pas. Amélie a suivi quelques mois plus tard en s’installant à Bordeaux. ».
Lorsqu’elles annoncent faire leurs valises alors qu’elles débutent leur business c’est l’incompréhension pour beaucoup de monde.
Comment est-ce possible de déménager, alors que Paris est, par définition, la capitale de la mode ?
En réalité les entrepreneures ont bien la tête sur les épaules et ont perçu les failles de la capitale et les opportunités de la région. « Nous avions identifié qu’il commençait à avoir une certaine saturation de startups dans Paris. De ce fait, nous installer en région pouvait nous permettre d’avoir de nouvelle aides, mais aussi plus de disponibilités et d’écoute des organismes qui accompagnent les entreprises. » m’explique Amélie.
Un pari gagnant.
« Nous avons commencé par rencontrer la CCI, puis nous avons intégré le réseau « réseau entreprendre ». Cela nous a permis d’avoir un tutorat pendant deux ans, des aides et des prêts d’honneur pour mener a bien le projet. Nous avons eu accès à des choses que nous n’aurions peut-être jamais obtenues à Paris. Le coût de la vie est également non négligeable et le fait que nous travaillons sur le web permet d’être particulièrement nomade. » explique Maud. « D’autant que nous remontons très facilement à Paris. » souligne Amélie.
Cependant, le duo ne s’est pas coupé du monde. « Biarritz est une localisation très stratégique, car la ville a une vraie histoire avec la mode. En plus, nous sommes proches de l’Espagne ce qui permet d’être sur un véritable carrefour, tout en ayant un cadre vie très plaisant. » m’explique le duo.
Trouver le code
L’idée trouvée, les cartons de déménagement arrivés à bon port, il est temps de se lancer.
Cependant, malgré une réelle complémentarité de profils il manque quelque chose au duo : l’aspect technique, le développement web. Amélie a bien quelques notions, mais le projet semble dépasser ses acquis.
Le duo est alors face à un dilemme :
Soit trouver un développeur associé. « Mais nous n’avions pas de connaissance en tête et nous avions besoin dans un premier temps de rester toutes les deux pour donner vie au projet. » confie Maud. Soit, payer une agence de développement, ce qui demande d’investir une bonne partie du capital de l’entreprise. Une troisième possibilité s’offre tout de même à elles : apprendre à faire elle-même leur site rêvé.
C’est cette troisième solution qui est votée.
Pour débuter, le duo se penche sur les CMS du marché. Mais elles se rendent rapidement compte que leur vision, très précise, de leur site web idéal rentre difficilement dans les cases prédéfinies des plateformes en lignes.
Il n’y a donc qu’une solution, suivre une formation pour apprendre à coder afin de créer la vitrine qui leur correspond.
Si elles ont pu mettre en ligne leur propre site, accompagnées d’une agence pour la partie paiement et sécurisation, le bénéfice de la formation est bien plus important qu’il n’y parait. En effet, lorsque les fondatrices devront embaucher un développeur, elles pourront comprendre son métier et parler le même langage. Une longueur d’avance qui n’est pas négligeable pour évoluer rapidement.
Des marques qui portent leurs valeurs
Bien sûr la visibilité sur le web est indispensable pour leur activité, mais ce qui est primordial est le contenu, la matière première : les vêtements.
Pour donner du sens à leur projet Maud et Amélie sont particulièrement pointilleuses dans le choix de leurs collaborations. « Nous avons tout d’abord listé les marques que nous souhaiterions avoir, puis nous avons fait des événements professionnels avant de lancer le service. Nous nous sommes rendues au salon « Who’s Next » à Paris, aux salons « Premium » et « Ethical Show » à Berlin et enfin au « Modefabriek » à Amsterdam pour commencer à discuter avec les créateurs. Les négociations étaient assez compliquées, car nous n’avions ni site, ni services… » se souvient Amélie. C’est en abordant les marques, simplement, en présentant leur projet avec enthousiasme qu’elles arrivent à signer leurs premiers contrats pour constituer leur stock.
Le choix des marques est dès le départ affirmé. Le duo souhaite collaborer essentiellement avec des créateurs qui racontent une histoire et partagent leurs valeurs.
Cependant, leur signature s’affine aux cours des mois en écoutant le marché. Rapidement les entrepreneures se rendent compte que si la personnalisation du service est importante, la qualité des pièces proposées est aussi un point essentiel pour leur clientèle. « Beaucoup de clientes cherchent aujourd’hui à renouer avec la qualité. Nous essayons du coup de trouver des marques éthiques, ce qui explique que nous prenons parfois beaucoup de temps à intégrer de nouvelles marques. Notre volonté est aussi de proposer des marques étrangères peu distribuées en France. » explique Maud.
En suivant cette démarche, plus que le concept, le catalogue de marques est un véritable point fort chez Modames.
« L’objectif est de faire grossir ce catalogue pour surprendre constamment les clientes. » souligne Amélie. Grâce à cette sélection, Modames est aussi un vrai support de prescription pour découvrir des marques étrangères de qualité.
Le duo ne se contente pas de nous faire découvrir un produit. Elles nous invitent à comprendre la philosophie de la marque. Ainsi, dans chaque malle, une carte accompagne le vêtement pour expliquer la démarche et l’histoire du créateur.
« Il peut être facile de céder à un teeshirt blanc dans une grande enseigne, dont on connait les coulisses peu reluisantes de fabrication, plutôt que d’acheter un teeshirt d’une petite marque bien plus cher. Mais lorsque l’on découvre l’histoire et la philosophie de cette dernière la balance penche. Nous avons, avant tout, envie d’être transparente. » soulignent les fondatrices.
Une question d’expérience
Bien que l’approche commerciale soit importante, Modames ce n’est pas qu’un service. C’est une véritable expérience. Celle d’avoir une boutique de vêtements et d’accessoires à domicile.
Comme lorsque l’on pousse la porte d’une enseigne, pas besoin de sortir sa carte bancaire avant d’essayer sa tenue. Du coup, l’expérience est bien différente d’une commande. Sans attentes particulières, nous nous laissons surprendre.
« Nous avons déjà des clientes fidèles. Elles nous disent souvent qu’elles n’auraient jamais essayé certaines pièces en magasin. » souligne Maud. « On écoute réellement le questionnaire qu’elles nous fournissent lors de l’inscription. Mais c’est aussi très important pour nous de leur faire découvrir des nouvelles signatures. » poursuit-elle.
Ainsi, Modames nous permet de prendre des risques vestimentaires, tenter de nouvelles choses, tout en restant dans notre zone de confort, notre environnement, notre cocon.
En cas de doute sur une pièce il nous suffit du coup de la mixer avec un vêtement de notre dressing ou encore de contacter les fondatrices sur leur chat de discussion pour avoir un conseil. Un accompagnement grand luxe et sur mesure, aussi important que la présélection faite par Maud et Amélie pour chaque malle.
Voilà déjà une heure que l’on discute – on ne voit pas le temps passer lorsque l’on est passionné – et je n’ai toujours pas posé la question fatidique : « Que signifie Modames ? ». Il faut dire que la réponse me semble si évidente que j’ai presque des remords à la poser… pourtant il ne faut jamais se fier aux apparences !
Bonus : MODAMES kesako ?
Le nom « Modames » est la fusion des prénoms Maud et Amélie, rien de plus à l’origine.
« Au départ nous n’avons pas de nom de marque, mais il fallait une nomination pour enregistrer l’entreprise. Du coup, nous avons décidé de faire ce jeu de mot, puis d’ajouter un s puisque le singulier existait déjà.
Quelque temps plus tard, nous avons réfléchi au nom du concept. Nous avons listé beaucoup de noms. Mais impossible à se mettre d’accord. Nous nous sommes alors dit qu’après tout « MODAMES [mɔdam] n. f. » était plutôt simple à prononcer et que ça nous correspondait vraiment puisqu’il s’agit de la contraction de nos prénoms, tout en faisant référence à la mode et aux dames. »
En plus d’un jeu de mot efficace, à travers leur nom d’entreprise le duo met donc l’accent sur la volonté d’humanisait leur concept et les marques qu’elles représentent. D’ailleurs, « Toutes nos clientes sont des Modames » précise Amélie.
Depuis notre rencontre les choses s’accélèrent pour les Modames. Amélie et Maud viennent de déménager leurs locaux pour un espace plus grand pour développer l’activité et même accueillir deux stagiaires… To be continued !
Excellent article, bravo !
Merci beaucoup Linda 🙂 Je suis ravie qu’il t’ait plu !
Il est très sympa leur concept 🙂 C’est original et vu nul par ailleurs. J’aime bien ceux qui innovent comme ça 🙂
Je leur souhaite pleins de belles choses 🙂
Bisous.
Je suis bien d’accord avec le toi le concept est aussi intéressant que leur histoire 😉
Le concept est pas mal. Je vais jeter un coup d’œil sur le site.
Tu me diras ce que tu en as pensé … 🙂
Super parcours de vraies entrepreneuses. J’adore. Et vive l’entrepreneuriat au féminin.
Je suis tout à fait d’accord avec toi Céline 🙂
Je connaissais déjà vaguement leur concept alors merci pour cet article détaillé. Il est super je leur souhaite beaucoup de réussite !
Merci Audrey 😀
Hello !
Super article, superbe présentation pour ces super nanas et leur super concept.
Je ne connaissais pas du tout et ça m’a juste donné envie de tester, vraiment.
Je suis non-voyante alors choisir mes vêtements, c’est toujours une galère. En boutique, c’est pas évident d’avoir de l’aide, une description honnête de la part des vendeuses.
Mais en ligne, sans pouvoir toucher les vêtements, sans pouvoir me faire aider par une vendeuse, c’est à peu près aussi galère. Alors je trouve le concept absolument génial.
Et puis leur parcours est vraiment passionnant, motivant aussi, donne envie de se lancer.
Et puis tu as présenté ça tellement bien !
Merci beaucoup pour cet article.
Merci beaucoup Flo pour ton petit mot. C’est vrai que ce concept est génial pour toi. On oublie les difficultés que tu peux rencontrer et c’est une très bonne alternative ! 🙂
Je vais en parler à Maud et Amélie car je suis sure que ça pourrait aider beaucoup de monde !
Très inspirant tout ça ! En tant que fervente défenseuse d’une mode plus éthique et durable, je ne peux qu’applaudir leur belle démarche !
Tu as raison c’est une belle façon de modifier notre mode de consommation …
Tes articles sont toujours bien écrits 🙂 C’es une super idée en tout cas!! Chouette concept!
Merci beaucoup Anaelle pour ton joli mot 🙂
Quelles belles personnalités tu nous fais découvrir encore ! J’aime beaucoup leur histoire, leur principe original et elles ont un parcours vraiment encourageant ! C’est une belle découverte encore une fois ! Merci à toi pour cet article que j’ai beaucoup apprécié !
Je suis très contente que cette histoire ait pu t’inspirer … 🙂
Merci pour la découverte de ce concept ! J’aime beaucoup les valeurs que les fondatrices souhaitent diffuser 🙂
Claire
N’hésite pas à me dire ce que tu en as pensé lorsque tu testeras ce super concept 😉