Voilà des semaines, voire des mois, que vous entendez parler d’Intelligence Artificielle (IA). Nous vous en avons d’ailleurs parlé dans l’une de nos dernières newsletters que nous avions même co-rédigée avec une IA.
Mais aujourd’hui, nous allons particulièrement nous intéresser aux IA qui génèrent des visuels à partir de textes : Midjourney, Dall.E, Astria… et nous interroger sur leur impact dans les professions créatives telles que le design, le graphisme, l’architecture ou toutes industries culturelles.
Cette nouvelle technologie semble pouvoir permettre à n’importe quel internaute de générer des images visuellement attrayantes en quelques secondes.
Nous verrons toutefois, que cette production est bien plus complexe que l’on imagine et qu’elle interroge sur de nouvelles manières d’aborder la création.
Suite à l’engouement médiatique, il y a autant de craintes que de fantasmes autour de l’IA.
Il paraît impossible de d’imaginer les dix prochaines années sans l’intégration de l’Intelligence Artificielle dans le quotidien des métiers créatifs.
Beaucoup de taches d’exécution créatives vont être remplacées.
Néanmoins, il est important de souligner que cela laisse plus de temps pour la recherche et le développement de la créativité.
Les visuels générés par une Intelligence Artificielle existent que parce qu’on les a décrites. Que l’on a donné des consignes. Cela s’appelle un script. Le temps passé à la production sera donc transformé par un travail assidu des différents scripts.
L’IA est un code informatique qui ne permet pas encore de résonner comme l’intelligence humaine. Utiliser l’Intelligence Artificielle demande donc de faire part de créativité naturelle, associée à une facilité d’exécution par l’outil.
La question à se poser est : qu’est-ce que je peux faire de plus avec cet outil ? Bien plus que de s’interroger sur le temps gagné ou le confort apporté.
Le plus intéressant sera de pouvoir créer des choses que nous n’aurions pas pu créer sans IA. Cette nouvelle technologie promet du coup de définir de nouveaux styles.
Mais n’oublions pas que le plus intéressant est le concept, bien plus que l’image finie. Le fond sera surement plus valorisé que l’esthétique.
Il faudra ainsi apprendre à apprivoiser les IA génératrices, car l’intention est toujours donnée par un humain créatif.
Évidemment, l’IA redéfinit la notion et les modalités de travail.
Il y a un impératif d’appropriation et de maitrise pour se mettre au niveau constamment. Il faudra donc apprendre très vite puisque l’outil évolue chaque mois. Peu importe votre activité, faire de la veille sera très important.
Pour explorer les possibilités et tester les nouveaux modèles, vous pouvez consulter ces sites :
Si la production des images est rapide, n’oublions pas qu’il faudra toujours donner une impulsion de création, mais aussi de validation. Ainsi, il y aura un travail de curation important pour choisir les images une fois créées.
Sans compter que nous avons besoin de produire de plus en plus de contenu dans notre société pour répondre au besoin d’illustrer ses propos, de rendre accessible l’information et de communiquer sur différents canaux de communication.
Pour rappel, lors de l’arrivée des ordinateurs, des métiers ont disparu, mais sont aussi revenus sur le devant de la scène avec une nouvelle technicité. L’outil est simplement devenu un matériel supplémentaire au service de l’Homme.
L’éthique et la déontologie autour de l’IA
Ces outils utilisent des banques de données d’images. Cela pose donc notamment un problème autour du copyright.
Si je peux faire un prompt à la manière d’un artiste vivant, cela pose un problème concernant les droits d’auteurs, puisque l’image est générée à partir d’œuvres originales.
À l’avenir, il semble alors essentiel de travailler sur des socles d’authentification pour identifier la provenance des contenus et les étapes de modifications.
Il faudra également mettre en place des modèles de rétribution pour les artistes. Une problématique que l’on a pu déjà aborder avec Spotify par exemple. Bien que ce système ait précarisé les revenus de beaucoup de musiciens.
La question autour du processus d’inspiration se pose par ailleurs, car il existe dans une pratique artistique humaine. Nous avons individuellement nos propres références et des inspirations multiples, inconscientes ou non.
Une production originale doit donc être issue d’une transformation importante et de références diverses et nombreuses qui donnent quelque chose d’unique.
Sans cela, la notion de plagiat sera inévitablement relevée.
L’autre point à soulever est que la normalisation de l’esthétique est aussi un risque si les prompts ne sont pas assez travaillés.
Chaque Intelligence Artificielle pourrait ainsi avoir un style particulier et même revendiquer la parentalité de certaines productions si le créatif ne s’est pas assez impliqué dans la définition du visuel.
Cela démontre que la question est toujours l’intérêt et la finalité de l’usage de la création issue d’une Intelligence Artificielle.
Pour se différencier, il faudra en conséquence être extrêmement pointu, humain et spécifique en affinant nos propres références. L’IA nous poussent à l’excellence.
La qualité du concept et de l’intention est indispensable. La question du sens prend tout son sens !
Et vous, que pensez-vous de la démocratisation de l’IA dans la création artistique ? Racontez-nous en commentaire.
Ces réflexions sont issues de la table ronde « l’IA nouveau terrain de jeu des créatifs ? » animée par David-Julien Rahmil, journaliste à L’ADN.
Intervenants :
• David Raichman – Executive Creative Director, Ogilvy Paris & Experience Creative Lead, Ogilvy EMEA
• Stéphane BARIL – Creative Cloud Sr Solution Consultant – Adobe
• Sonia Bressler – Philosophe. Essayiste. Data-Philosophe
• Etienne Mineur – Designer, Creative director & Co-founder of Volumique