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Published on: INTERVIEW TALENTY

Lise Tailor, un parcours inspirant de fil en aiguille [Interview]

Il y a cinq ans, alors salariée épanouie dans un service marketing, Lise n’aurait jamais imaginé qu’un jour la couture qu’elle pratiquait comme loisir, serait le point de départ d’une nouvelle carrière prometteuse.

Pourtant, le rêve est devenu réalité.

C’est ce parcours que nous allons vous raconter aujourd’hui. De l’amour des travaux d’aiguilles, transmis très tôt par sa grand-mère couturière de métier, à une vie de slasheuse entrepreneure dans le textile.
C’est au sein du salon Créations Savoir Faire, Marie Claire idées que nous avons eu la chance de rencontrer Lise Tailor.
Créatrice et entrepreneuse emblématique elle était présente pour dédicacer ses livres, publiés par la maison d’édition Eyrolles.
Après cette rencontre avec son public, Florence, grande passionnée de tricot a voulu en savoir plus sur sa success story.

Lise Tailor, un parcours inspirant de fil en aiguille
instagram @lisetailor

TALENTY : Bonjour Lise. Nous sommes ravies que tu ais pu nous accorder un peu de temps car tu es peu sur Paris.
Lise Tailor : Oui c’est vrai. Enormément de personnes pensent que j’habite à Paris car l’essentiel des événements do it yourself (DIY) se passent dans la capitale, mais en réalité je suis lyonnaise !
TALENTY : Aujourd’hui tu es présente pour ton livre, mais tu es aussi créatrice et cheffe d’entreprise, mais comment tout cela a débuté ? Pourrais-tu nous raconter ton parcours ?

J’ai commencé le tricot il y a très longtemps, lorsque j’étais ado.

Ma grand-mère était couturière et elle tricotait énormément. Petite je tricotais à ses côtés, mais en grandissant je n’ai pas persévéré. Ce n’est qu’à l’âge de 15 ans que j’ai repris les aiguilles. J’ai continué pensent des années, pour mon plaisir, sans réussir à faire un produit fini portable. Il y avait toujours un truc qui n’allait pas.

Mais en 2011 j’ai eu un déclic. Enceinte de mon premier enfant, ma grand-mère décède et cela me fend le cœur qu’elle ne puisse pas rencontrer mon fils. Immédiatement j’ai cette envie de tricoter pour mon nouveau-né des habits. Comme une passation.
Pour me perfectionner je cherche alors sur internet et trouve des modèles un peu à l’ancienne, à plat pour les connaisseurs. Je fais mes premières pièces portables mais je ne trouvais toujours pas cela extraordinaire…

Je ne baisse pas les bras et continue mes recherches sur le web. C’est à ce moment que j’ai découvert le blog d’Aurélie la poule. Une révélation !
J’apprends une nouvelle technique : le tricot en rond et découvre Ravelry (ndlr site très reconnu communautaire sur le tricot regroupant des boutiques de laine, des patrons et un forum pour échanger avec d’autres tricoteurs).

En plus du tricot, grâce au blog d’Aurélie je me prends de passion pour la couture aussi. Très vite en plus de coudre des vêtements pour mon fils j’ai fait ma propre garde-robe.
T: Mais comment passe-t-on de créations pour le cercle familial à une reconnaissance publique ?
LT : Tout a débuté par mon compte Instagram. Alors que je l’avais créé simplement pour suivre d’autres comptes, j’ai eu moi aussi l’envie de partager mes créations. C’était il y a cinq ans déjà.
Très vite mon nombre d’abonnés a augmenté. Au bout d’un moment, j’avais tellement de questions sur mes créations que je n’arrivais plus à répondre aux messages. C’était très frustrant et c’est pour cela que j’ai ouvert le blog. Il me permettait d’avoir un endroit où j’expliquais tout : les modifications que j’avais pu faire, ce que j’avais aimé, ce que je n’avais pas aimé en couture et en tricot.
Chaque article était illustré par des photographies prises par mon mari qui a été un véritable soutien. L’autre support qui m’a fait gagner en visibilité est le podcast.
T : A côté de cette passion qui semblait se professionnaliser tu étais en poste dans une entreprise. Ce n’était pas trop compliqué de jongler entre tes différentes activités ?
LT : Cela n’a jamais été un problème pour moi. Je travaillais dans le marketing, j’étais responsable digital dans le transport express, donc c’était deux univers différents. J’adorais mon travail. J’avais de fortes responsabilités, une équipe il n’y avait donc aucune raison de s’en défaire.
Au bureau, tout le monde savait que je tricotais parce que je n’en faisais absolument pas un secret. Mais cela ne les intéressait pas vraiment. C’était « le loisir bizarre de la nana qui s’occupe du web » (rires).

Lise Tailor, un parcours inspirant de fil en aiguille
instagram @lisetailor

T: Et toi, tu n’imaginais pas faire de ta passion pour le tricot et la couture ton seul métier ?

LT : Beaucoup de personnes me disaient, “Un jour, tu en vivras” mais moi je n’y croyais pas du tout.
Je répondais que jamais je ne monterai une entreprise. Moi, j’étais complètement à l’aise et épanouie dans le salariat.
Au-delà d’aimer mon travail je trouvais l’entrepreneurial trop risqué… bien que j’avais énormément d’admiration pour les entrepreneurs, j’ai vu aussi beaucoup de personnes dans le monde créatif perdre le plaisir de tricoter et de coudre après avoir monté leur boîte.

T : Alors qu’est-ce qui a tout fait basculer ?
LT : Mon contrat de travail s’est terminé assez brutalement. Lorsque je suis partie mon mari me soutenait complètement, mais moi j’étais chancelante. Je me disais : “j’ai un enfant, j’ai plus de métier, je ne sais pas ce que je vais faire”.
Et là, incroyable, le soir même, j’ai reçu un mail de la maison d’édition Eyrolles. C’était vraiment un alignement parfait des planètes.
T: Rien n’arrive par hasard … Tu avais déjà pensé écrire un livre ?
LT : Non, non pour moi j’étais simplement une blogueuse. C’est d’ailleurs par ce biais que mon éditrice, Aude, m’a découverte. Comme je travaillais en marketing digital, mon blog était bien référencé.
L’éditrice avait recherché « apprendre à tricoter des chaussettes » et elle est arrivée sur mon site.
Dès le premier contact elle ne m’a rien imposé et m’a simplement demandé si quelque chose me tentait. Évidemment j’ai sauté sur l’occasion. Cette proposition a été mon sésame.
T : Tout est arrivé très vite, et sans prévenir, comment as-tu vécu ce nouveau challenge ?
LT : Ce n’était pas facile. Absolument tout est arrivé en même temps. J’étais en arrêt maladie et je suis tombée enceinte au même moment. C’était une grossesse à risque, alors le livre a été essentiel, car cela me permettait d’avoir quelque chose à faire.
Heureusement tout s’est bien passé !
T : Ton livre est devenu un véritable best-seller et le second prend le même chemin ! Comment as-tu vécu ces succès littéraires ?
LT : C’est vrai que le premier livre a du être réédité deux jours après le lancement et le second, avant même le lancement parce que les précommandes étaient trop importantes…

Tout cela me semble irréel.
C’est un peu moins le cas pour le deuxième, mais le premier a été rédigé dans un contexte tellement particulier que même quand je l’ai reçu, cela restait très abstrait pour moi. Je n’arrivais pas du tout à visualiser que quelqu’un allait vraiment pouvoir l’acheter…

Pour moi, ce premier livre a été mon échappatoire pour passer d’une vie à une autre.


T: Créatrice, blogueuse, écrivaine, comment est née ta boutique en ligne ?
LT : J’ai créé ma société trois mois après la sortie du premier livre, mais cela faisait déjà 6 mois que je travaillais sur le projet.
J’ai très vite réfléchi à un nouveau business modèle, car je savais que je ne retrouverais pas un poste cadre salarié, qui pourrait s’adapter à mes contraintes familiales et j’étais consciente que je ne pourrais pas vivre du livre. Alors pendant un moment, j’envisageais de donner des cours de couture. Sauf que moi, ma priorité, c’est que la couture et le tricot restent des loisirs. Et je me disais qu’en donnant des cours, j’allais perdre la passion.
J’écoutais et j’écoute encore énormément de podcast d’entrepreneurs. Très souvent j’avais l’impression que les gens avaient dès le départ une vision hyper claire de ce qu’ils voulaient.

Moi, c’était loin d’être le cas et j’ai pris un peu de temps à définir ma boutique.

J’avais l’opportunité de le faire à ma façon. D’autant que, comme je touchais le chômage, je n’ai pas subi de pression financière. Le chômage est vraiment un incubateur d’entrepreneurs !

Dans beaucoup d’interviews, c’était comme s’ils avaient eu une idée de génie et surtout qu’ils l’avaient eu tout seul. C’est limite culpabilisant. Parfois ces discours peuvent même te bloquer pour oser te lancer.
Pour moi, ça a été un cheminement avec des tas de personnes qui m’ont donné leur avis.
T: Dernière corde à ton arc, ta propre marque. Comment en es-tu arrivée à créer ta marque de tissus ?

LT : Il y a assez peu de marques de tissus et surtout je trouvais que nous, les couturières, nous n’avions pas beaucoup de choix de motifs.
Lorsque j’achetais un vêtement dans le commerce, alors que je couds, c’est avant tout pour le motif.
En discutant avec ma soeur, qui est autrice de bande dessinée, en lui expliquant mon projet de kit, elle m’a dit “si tu veux, on peut dessiner un modèle ensemble, moi je te fais un motif”.
C’était la dernière petite graine pour me lancer.

A la fin de ce cheminement c’était une évidence je me suis dit « c’est ça que je vais faire, je ne vais pas faire que des kits de couture comme mon audience pouvait s’y attendre, je vais créer une marque de tissus ».

Collection Automne/Hiver 2019 de Lise Tailor

Merci à Lise Tailor qui nous a accordé un véritable moment de partage, honnêteté et complicité.
Vous pouvez retrouver ses livres dans toutes les librairies et n’hésitez pas à visiter sa boutique en ligne.

Lise Tailor, un parcours inspirant de fil en aiguille
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  1. Post comment

    Pêche & Églantine says:

    Merci pour cette belle découverte ! Une bouffée d’air frais pour commencer la journée avec de l’inspiration et de la motivation !
    Bisous, Pêche

    1. Post comment

      Mallory Eugene says:

      Heureuses que son parcours t’ai inspiré !