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Published on: CULTURE

Comment participer au changement en tant qu’allié.e

Juin 2020 le mouvement “Black lives matter” reprend de l’ampleur. 

Il est difficilement possible de passer à côté de cette actualité. Depuis une semaine, aux Etats-Unis et dans plusieurs pays du monde, se déroulent de grandes manifestations contre les violences policières et le racisme institutionnel. Si le combat est vital pour certain.e.s, il n’y a pas que les personnes directement concernées par ces violences qui sont révoltées.  

Cependant, même avec de bonnes intentions, il est parfois difficile de savoir comment être un.e bon.ne allié.e 

Ce guide pourrait vous servir pour toutes luttes sociales qui ne vous concernent pas directement.

Qu’est-ce qu’un.e allié.e ?

Les allié.e.s sont les personnes qui ne subissent pas l’oppression contre laquelle ils et elles luttent. Un homme cisgenre (les personnes dont le genre correspond à celui attribué à la naissance) peut être un allié de la lutte féministe par exemple. Une personne mince peut être une alliée de la lutte contre la grossophobie. Aussi, vous pouvez subir certaines discriminations et être un.e allié.es pour une autre cause.  

Comment participer au changement en tant qu’allié.e
She Tout Court Instagram/Twitter/YouTube: @shetoutcourt

Que peuvent apporter les allié.e.s ?

Les allié.e.s peuvent apporter de la force au mouvement. Lorsque l’on n’est pas concerné.e par une discrimination, il est souvent plus facile d’échanger avec les personnes discriminantes. Il n’est plus à démontrer à quel point nous avons besoin de nous sentir représenté par des pairs. Ainsi, si les personnes qui propagent des préjugés peuvent se reconnaitre en nous d’une façon ou d’une autre, notre voix aura plus de poids. Ce n’est pas logique mais c’est ainsi, dans notre société, la parole d’un.e allié.e est considéré.e comme moins subjective.

De plus, comme le combat (peu importe lequel) ne concerne pas directement l’allié.e, il est plus facile de débattre et instruire les autres. Une personne directement concernée, au contraire, sera obligée de puiser dans des souvenirs traumatiques pour justifier son combat. Aussi, plus il y aura d’allié.s, plus il y aura de personnes éduquées et moins il y aura de personnes frontalement discriminantes, de façon mathématique 

Que faire pour être un.e bon.ne allié.e ?

  • Ecouter :  

C’est la base. Ecouter sans minimiser. Les personnes minorisées sont peu entendues et mises en avant. Il est donc important de leur laisser la parole pour apprendre de leurs expériences 

  • S’éduquer :  

Aujourd’hui grâce à internet, il n’a jamais été aussi facile de s’éclairer sur des questions qui ne nous concernent pas directement. En faisant des recherches sur la thématique qui vous intéresse, vous devriez trouver sans grande difficulté : des livres, des articles, des vidéos, des films et des podcasts.  

En tant qu’allié.e ne demandez pas systématiquement à une personne qui vit une discrimination de vous expliquer pourquoi tels propos posent problème. Il faut savoir qu’il est pénible pour une personne discriminée de devoir en permanence expliquer ce qu’elle subit. A moins que cela soit son métier et que vous la rémunériez, ce n’est pas à la personne concernée d’ajouter à sa charge mentale l’éducation des allié.e.s .

  • Se remettre en question :  

Nous vivons dans une société où il y a des hiérarchies informelles entre les êtres. Nous baignons dedans depuis l’enfance et il n’est pas facile de s’en défaire. Chacun de nous avons fait des erreurs et nous en referons sûrement. Toutefois, il est primordial de prendre conscience du chemin que l’on a à parcourir et de modifier notre comportement en remettant constamment en question nos croyances. 

  • Relayer les informations :  

Après avoir pris conscience de certaines réalités que vivent les personnes discriminées, ne gardons pas les informations pour nous.  Il est important de partager leur parole et leur travail à travers des discussions ou sur les réseaux sociaux. 

Lorsque l’on prend conscience d’un coup, de l’ampleur des discriminations que peuvent subir certains groupes sociaux, il est possible d’avoir envie d’en parler aux concerné.e.s. Cependant, gardez en tête que pour elles et eux ce n’est ni une discussion anodine, ni une découverte.

Il est préférable d’utiliser cette énergie pour informer les personnes qui n’en sont pas encore conscientes.

  • Ne pas laisser passer les propos discriminants en l’absence de personnes  concerné.e.s :  

Oui, sans doute que votre oncle, votre ami.e ou votre boss ne pensait pas à mal. Pourtant, cette personne que vous appréciez (ou non) vient de dire/ faire quelque chose de discriminant. Dans ce cas, il n’est pas (plus) question de rester silencieu.x. Sans se sentir obligé.e de se lancer dans un débat sans fin, signaler au moins le problème est important 

  • Ne pas prendre toute la place :  

Cela peut être l’une des parties les plus délicates à gérer. Vous êtes indigné.e et renseigné.e mais vous n’êtes pas concerné.e, alors où se placer ? Le militantisme n’est pas une science exacte. Ce qui est sûr c’est qu’il est déconseillé de crier plus fort que les personnes qui subissent réellement la discrimination au quotidien.  

Prenons l’exemple d’un.e collègue qui ferait une “blague” raciste vis à vis d’un.e autre de vos collègues. Peut-être que le destinataire de ce commentaire préfèrera faire comme s’il n’avait rien entendu ou se contenter de sourire.   

Dans ce cas, bien que la raillerie ne vous était pas adressée, vous pouvez simplement signaler que ce n’est pas drôle. Attention, il n’est pas question de créer un débat qui pourrait mettre dans l’embarras la victime de la blague, qui a sûrement plus à perdre que vous. N’oubliez pas qu’elle a pris le parti de se taire pour échapper à cela. En privé, vous pourrez si vous le voulez, débattre plus longuement avec les blagueurs.  

Si la personne victime de la « blague » a l’énergie de se défendre et de riposter vous pouvez la soutenir. Dans tous les cas, cela peut être appréciable de demander à votre collègue comment il ou elle se sent.

  • Rester humble :  

Ce n’est pas parce que l’on devient allié.e à une lutte que l’on est à l’extérieur du système et que l’on ne bénéficie pas de certains privilèges. Même en acquérant du savoir il est indispensable de rester humble et à l’écoute. 

  • Signer des pétitions :  

Manifester n’est pas à la porté.e de tou.te.s. Signer et partager des pétitions est plus accessible et peut faire la différence.  

  • Participer financièrement aux luttes :  

Dans la plupart des combats l’argent reste le nerf de la guerre. Il est donc pertinent de se renseigner sur les associations ou les cagnottes en ligne et si vous en avez les moyens, n’hésitez pas à participer.  

D’autre part, énormément de personnes prennent le temps de créer du contenu pédagogique de façon bénévole. N’hésitez pas à les suivre sur les réseaux, à les remercier et peut-être les aider à financer leur travail. Nous sommes de plus en plus habitué.e.s au contenu gratuit, mais comme vous le savez, personne ne paye son loyer avec de la notoriété.  

Nous savons que ce n’est pas facile de lutter pour plus d’égalité, mais cela est aussi très puissant de se rendre compte que nous sommes autant à le faire. Ensemble nous pouvons faire évoluer les mentalités.

Comment participer au changement en tant qu’allié.e
jolie épingle pour Pinterest 😉

Nous espérons que cet article vous sera utile. La discussion est ouverte en commentaires !

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  1. Post comment

    Héloïse Debord says:

    Merci pour cet excellent article ! C’est vrai que ce n’est pas toujours facile de se positionner lorsque l’on veut soutenir des ami.e.s qui subissent des discriminations. Et puis je crois que la période actuelle nous révèle la nécessité de l’entraide mutuelle, afin de pouvoir avancer, chacun à notre niveau. J’aime beaucoup le pragmatisme des conseils. Car des fois, c’est vrai, on veut bien faire mais on se trompe et ce n’est pas facile à réaliser. A présent je me sens mieux en capacité d’être un soutien bénéfique, pour la personne sujette à discrimination mais aussi pour moi-même. Permettre aux énergies de se conjuguer vers le haut, en quelque sorte 🙂
    Et puis bravo pour votre courage d’évoquer ce sujet qui est très sensible ! D’autant plus que le travail est souvent un lieu de fortes discriminations.
    💖

    1. Post comment

      Talenty rédaction says:

      Bonjour Héloïse, merci beaucoup pour ton commentaire ! Je ne sais pas si cela est réellement courageux car notre but est depuis le début de vous aider dans votre vie professionnelle comme personnelle. Il serait dommage d’ignorer des problématiques qui traversent la vie de tant de lecteur.ice.s, surtout en ce moment 🙂 Très heureuse que l’article puisse t’être utile en tout cas. Passe une bonne journée

  2. J’ai toujours un peu mal avec ce concept d' »allié » ou de « pas concerné  » par une injustice sociale. On est tous concernés par les injustices qui secouent notre société. Le système social ne naît pas du néant. Le racisme ne perdure pas par l’opération du saint esprit. Les discriminations ne tombent pas du ciel. On a tous un rôle à jouer pour une société plus juste. On est tous acteurs. Parler d’alliés, ce n’est qu’une façon de déculpabiliser ceux qui bénéficient du système.

    1. Post comment

      Talenty rédaction says:

      Hello Sandra, nous sommes complètement d’accord. L’article aurait pu s’intituler « comment faire en sorte de ne pas empirer la situation ». Cependant, si cela peut permettre à certaines personnes de lire l’article, d’être plus à l’écoute, de se renseigner et d’éviter de se mettre en avant dans une lutte dont ils et elles ne sont pas les premières victimes, nous avons pensé que cela valait le coup. Par contre si tu connais un terme plus approprié nous sommes preneuses.

      Merci pour ton commentaire !

      1. Merci pour votre réponse. Moi j’ai tendance à ne pas prendre de gants mais effectivement, pour toucher le plus grand nombre il faut le faire parfois…

  3. Oui cet article est utile. Je me suis souvent trouvée dans la situation d’avoir à faire face à des propos discriminatoires et à des préjugés concernant d’autre personnes, d’autres groupes et je suis souvent partie en guerre contre ceci. Cet article est une belle aide, bravo pour l’avoir écrit.

    1. Post comment

      Talenty rédaction says:

      Merci beaucoup 🙂 Heureuses qu’il puisse vous être utile !